Plouf
Le soleil est sorti, alors l'autre midi, c'était piscine.
Mais l'eau cristalline de ma mémoire s'est transformée en bassin aux piranhas...
Choisir la ligne d'eau la moins surpeuplée est une gageure.
Et là, les corps se déchaînent, s'agressent, se heurtent.
Les coups se succèdent sur la moindre partie du corps qui dépassent des 30cm de largeur attribués.
Et encore, d'autres morceaux de chair humaine dépassent, eux, et frappent à l'aveugle.
Les virages se transforment en combat mortel pour les 10cm qui permettent de virer, pour pouvoir respirer...
Toutes les règles de savoir-nager et de bonne conduite volent en éclat, et je reste là.
Plus meurtrie que défoulée. Et légèrement paranoïaque.
Je touche avec obstination les pieds des gens qui me bouchent la ligne sans qu'ils ne me laissent les doubler dans le virage... C'est pourtant comme ça que ça marche, non ?
J'ai l'impression que tout le bassin s'est ligué contre moi, pour me gâcher mon plaisir et me dire de partir, que je suis mauvaise, trop vieille, et que de toute façon, je ne saurai jamais nager aussi bien qu'eux...
J'm'en fous, encore 10 jours et ils seront tous en vacances, et je l'aurai pour moi toute seule, le bassin.