Tour du Carlit, étape 1
Dites donc.. Je ne sais pas si c'est ce petit rab d'été qui m'a été livré ce matin à la fenêtre ou la compagnie charmante d'hier soir, mais je vous tiens une de ces patates moi aujourd'hui !
Du coup, allez hop hop hop, photos de vacances.
Normalement, je devais passer ma semaine au Barcarès à faire du wakeboard et sans visiter les urgences de la clinique.. mais il faisait un temps de cochon, avec beaucoup de vent. Je suis donc partie en montagne : vive les PO ! =pyrénées orientales pour les non-catalans... il faut tout vous dire ou quoi ?
Après un chargement de sac hésitant et bien lourd, je me lance sur un petit itinéraire qui a l'air faisable à vue d'oeil sur la carte : ascension du Pic Carlit, puis un petit tour autour et on rentre.
Comme vous pouvez le voir, il faisait aussi un temps de cochon et le lac des Bouillouses méritait une fois de plus sa réputation de glacière... Ce que j'ai le plus regretté, c'est d'être partie sans veste coupe-vent. On reconnaissait d'ailleurs les 'vrais' marcheurs (GR10iens et HRPiens, en route pour 3 à 8 semaines selon les cas) à leurs bonnets et leurs gants. Malins les gars (et LA fille).
Au soleil dans les quelques zones abritées, c'était tout de même bien agréable... même s'il était encore torp tôt pour les myrtilles.
Et puis j'avais pris BEAUCOUP trop de bouffe (au moins 3kg de victuailles portées pour rien...)
La première partie de la ballade suit le sentier du tour des lacs, au départ du barrage des Bouillouses construit pour alimenter en électricité le petit train jaune mais ceci est une autre histoire et je ne vais pas tout vous raconter d'un coup !
Pour les non-montagnards, le tas de pierre là, c'est un cairn. Ils jalonnent les voix les plus fréquentées et les marcheurs y déposent une pierre de temps en temps. C'est parfois très utile pour retrouver son chemin... surtout dans le brouillard et si quelques plaques de neige recouvrent les marquages au sol....
Pente douce, paysages charmants, tout va bien même si je prends petit à petit un retard inquiétant sur les temps moyens annoncés. Le manque flagrant de condition physique se fait sentir, surtout au niveau des cuissots.
Put* qu'est ce qu'il est lourd mon sac !
Tout d'un coup, la boucle des lacs se replie sur elle-même et je continue tout droit, face au Carlit qui rigole doucement en me voyant venir.
C'est celui de gauche, le plus éloigné.
Il fait méchant comme ça hein ?
On voit bien le chemin qui arrive sur la gauche, traverse le pierrier et finit à droite du pic le plus éloigné.
Et bien croyez-moi, le petit raidillon du fond, ce n'est pas une illusion d'optique ! Il a fallu mettre les mains, les coudes, les genoux et pas mal de conviction pour arriver en haut.
Le sommet est tout de même à 2921m si mes souvenirs sont bons.. et ça se sent !
Petite pause en cours de montée pour admirer la vue qui se dégage...
Je profite de chaque petit arrêt pour inventorier tout le chargement qui ne me servira à rien et fantasme sur des recoins où je pourrais l'abandonner...
En ce Dimanche d'Août, la montée est relativement fréquentée, ce qui me donne un peu de courage sur la fin car je bloque complètement le passage conseillé et il suffit de tenter une autre option sur quelques mètres pour être convaincue de sa pertinence ;-).
Même si mon sac me tire en arrière et réclame pause sur pause, 2 mémés mais en forme les mémés hein me boostent pour que je continue à grimper devant elle.
Et puis d'un coup, hop, nous voilà en haut.
La rumeur maternelle soutient que la mer est visible du haut du Carlit mais je n'avais apparemment pas choisi le bon jour....
Tout près de la croix du sommet, dans une vieille caisse de premier secours, une 'boîte aux lettres'. Les gens y déposent des petits messages, des témoignages. J'aime bien le concept et j'aurai aimé m'attarder à lire un peu mais il fait un tel froid que je prends la direction du lac Lanoux, là bas, dans le fond, de l'autre côté.
Tout d'un coup, c'est bien plus tranquille et même si je serai rarement hors de vue d'un autre marcheur, je me sens subitement beaucoup plus seule...
L'ascension par l'autre côté est réputée plus difficile...
En fait, elle est moins pentue : pas d'escalade à la descente, et heureusement... mais le long pierrier du haut est relativement peu stable et, sans bâton, je ne fais pas la maligne sur les premières centaines de mètre de dénivellé.
Ce n'est pas que j'aie vraiment peur de glisser sur les fesses, c'est surtout que la glissade doit être très difficile à stopper compte tenu de la pente et se termine dans les grrrros cailloux.
Tout ça pour justifier ma descente à 2 à l'heure ;-)
Les genoux forcent et chauffent, et mon temps est encore plus minable qu'à la montée comparé au temps moyen annoncé ;-)
Les vues sont magnifiques, même si le lac à un drôle d'air : son niveau d'eau est apparemment très bas et plusieurs mètres de rives dénudées l'entourent.
Et puis l'herbe gagne de plus en plus sur les pierres...
Un petit ruisseau apparaît, frais et rieur. Je m'effondre à ses côtés dans une grosse sieste réparatrice... sous le regard sombre du Carlit.
Au réveil, plus rien dans les pattes, plus rien dans les bras. Je sais que la journée du lendemain sera dure alors je prolonge un peu l'effort...
Je longe encore le lac, m'accordant presque une pause de 5 minutes tous les 1/4 d'heure, repérant les cours d'eau et les coins sympas pour un bivouac...
Et puis tout d'un coup, je lève un peu plus la tête et je remarque de bons gros nuages bien menaçants devant moi. Et je ne sais pas vous, mais les orages en montagne sous la tente, ce ne sont pas mes préférés.
Alors, c'est la course. Je rassemble mes dernières énergies pour rejoindre au plus vite une cabane de berger mentionnée sur la carte.
Victoire, motivées par la perspective d'une nuit au sec, les jambes suivent... et il ne pleuvra même pas !
Mais le coin de la cabane est sympa, près d'un petit lac où paissent quelques vaches et chevaux. Sur le côté, quelques beaux replats herbeux et un gentil couple déjà installé m'indique la source la plus proche.
Et puis c'est vrai, les savoir à portée de voix me permet de me sentir un peu moins vulnérable face à la nature sauvage et au pervers moyen.
Allez zou, je me pose.
Après un seul essai préalable (et dans le noir), ma jolie tente toute neuve se monte sans problème et elle a même une sacrée allure. Vous ne trouvez pas ? 
Pour 2kg, elle est parfaite !
Charcuterie, pain, fromage, soupe de pâtes et gâteau de semoule au chocolat. Tout ce que je mange ne sera pas à porter demain alors je ne vais pas me gèner !
Et puis vers la tombée de la nuit, de nouveaux voisins s'installent : plusieurs hardes de mouflons.
Espèce non-endémique de ces régions, les "biques corses" comme les appellent mes voisins sont arrivées par l'Espagne et gagnent chaque année de nouveaux territoires. Ce serait très bien si ce n'était aux dépends des isards locaux (petits chamois pyrénéens).
En tout cas, des mouflons, il y en a plein et je fais une passionnante série de photos de taches marrons sur fond vert (pas moyen de m'approcher car j'ai perdu le contrôle de mes jambes).
Je pense que celle-ci est la meilleure, c'est vous dire ;-)
Je rampe ensuite à l'intérieur de mon duvet et je m'écroule de sommeil et de fatigue... un peu avant 20h je pense... Ah la montagne, ça vous gagne ;-)
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